Céline Prestavoine


                                                                                                                                Sans titre, taffetas d’acétate sur dibond, côté 40 cm, épaisseur 3 mm, 2011
Nappe 1. Ligne de couleur fixe dans une soie naturelle, 2009



Intentions 
C’est un questionnement de peintre. Cela a à voir avec la peinture. Nous n’avons pas d’accès direct aux couleurs. Leur mouvement perpétuel m’intéresse. Comment alors les saisir et les transmettre? D’autant plus lorsqu’il s’agit d’une couleur en particulier, recherchée lors d’un mélange en peinture. Mon travail met en valeur la fugacité des couleurs. Il questionne leurs processus d’apparition. Il s’attache aux forces qui les font se mouvoir. Il joue de présence et d’absence. Ce que je donne à voir se situe loin au-delà du châssis, au débordement des pratiques de peinture et sculpture. Les matériaux principalement utilisés sont le tissu, l’inox ou l’aluminium, et l’acrylique sur papier, utilisée en couches très fines. Le tissu occupe une place importante dans ce travail: je l’utilise en tant que couleur. Ce sont des soies ou taffetas d’acétate. Leur tissage peut utiliser deux fils de couleurs différentes:le fil de chaîne et le fil de trame teints chacun séparément. Ils sont appelés tissu caméléon ou changeant. Ces tissus sont habituellement utilisés pour l’habillement et les doublures. La façon dont ils sont tissés, la lumière, le mouvement et les teintures les rendent chatoyants et contrastés. Sortis de leur contexte habituel, couchés sur un métal très plat, ils deviennent une fine couche de peinture, un lavis avec ce qu’il comprend de finesse et de profondeur. Cette mise en oeuvre très plane met en valeur leur polychromie. Notre position et l’angle de vue imposé par l’accrochage, ainsi que notre déambulation autour des pièces nous font percevoir l’une ou l’autre des couleurs de fil mais aussi des demi-teintes. Ce qui est la base de ce que l’on pourrait appeler une anamorphose colorée. Voir dans une couleur un nouvel être organique qui s’active lorsqu’une autre source de vie s’approche (nous). Se produit alors un échange, une synergie par le jeu, par la présence et l’absence. Quelles puissances de déformations font varier les couleurs? De quelles contractions moléculaires sont-elles faites? Puisqu’il s’agit bien d’énergie, de transmission d’énergie.

Céline Prestavoine